Récit des trois premiers jours
Trois jours. Premières ampoules. Premiers doutes - pourquoi n'a-t-on pas pris le train ?? Mais l'appel de la route, irrésistible, qui nous tient en haleine. Et les rencontres. Celles qu'on a prévues (Rémy et Danièle, Jean-Baptiste et Eugénie, Yannick et Philippe) et celles qui vous attendent au coin d'un hameau, comme cette mère de famille qui nous a invités au débotté, prête à nous laisser sa maison en son absence... Sa confiance nous a scotchés. La marche, ça remet les yeux en face des trous. On pourrait aussi mentionner ce couple de randonneurs octogénaires, dont la fraîcheur d'âme donne presque envie de vieillir.
Que dire d'autre, qui ne trahisse pas la simplicité de la marche ? Les enfants ont l'air heureux, Cakao nous a adoptés. Du moins ses braiments le laissent-ils penser. Le soleil plombe l'asphalte. On est mieux sur les GR ombragés. Surtout quand des automobilistes stupides vous klaxonnent, plus par maladresse que par connivence, et que l'âne, apeuré, manque de se jeter sur le bas-côté. D'autant que les bagages pèsent : 50 kg pour Cakao, un enfant et un sac ventral pour chacun de nous. Epaules et pieds en pâtissent. Mais il paraît que tout rentre dans l'ordre au bout d'une semaine. On verra.
A vrai dire, le Mont Saint-Michel demeure une abstraction tant nos pas sont lents et l'issue lointaine. C'est aussi toute une symphonie d'habitudes - voiture, scooter, train, avion... internet - qui tourne court. Ce retour à la terre fait un bien fou. S'endormir d'une fatigue d'enfant, grignoter un BN chocolat devant un monument aux poilus, compter les tilleuls qui nous séparent du prochain village... sans oublier les ritournelles que Faustine nous hurle dans les oreilles. Presque une récré géante.
Le tout sur fond de paysages à la fois ordinaires et hors normes. Peut-être parce qu'on les mérite. Ici, chaque journée tient du miracle. Avec un mot d'ordre : ne pensons pas à l'objectif, concentrons-nous sur l'instant. Un pas, puis l'autre. La vraie redécouverte, c'est aussi la vie de famille et ses petits rituels, le temps qui s'étire comme quand on était petit... la joie d'être ensemble, sans contraintes.
Pardon pour l'aspect décousu de cette note, les idées sont tombées comme elles ont pu, avec la fatigue et la crasse, le bain des enfants et le curetage de sabots. Pour un récit plus développé, il faudra sans doute avancer encore. Le départ est trop frais. Nous serons pleinement dans le voyage quand nous aurons pris nos distances avec internet, nos téléphones. Quand vous n'aurez plus de billet à lire ? Peut-être...
D'ici là portez-vous bien
Pauline, FX, Faustine, Martin et Cakao.
PS : pour info, voici nos trois premières étapes :
Samedi 21 mai : Versailles Porchefontaine - Saint-Cyr l'Ecole
Dimanche 22 mai : Saint-Cyr l'Ecole - Neaufle-le-Vieux
Lundi 23 mai : Neaufle-le-Vieux - Garancières